Lundi matin. Les feuilles hésitent entre le vert brun et le jaune abeille, le cap de l’automne est passé, j’essaye de conserver encore quelques temps en moi les bulles de chaleur récoltées à Chypre. Le bain nu à l’aurore, les escapades la peau salée entre les séances de méditation et les heures d’animation d’écriture. Les grenades fendues sous le ciel pur, les figues collant sous les semelles de mes nu-pieds.
Cabrel chante Je l’aime à mourir, combien d’années que je n’ai pas écoutée cette chanson? Elle embaume la salle de café qui donne sur les terrains de tennis. Dernières notes de guitare dans des réminiscences d’il y a plus de vingt ans. Avant de quitter ma ville natale, avant les départs imprévus et tous les horizons éclatés.
On peut dire que la rentrée est passée, non ? Un mois chargé. A présent quelque chose lâche enfin, les bogues des châtaignes ont éclaté après la nuit de pluie diluvienne, on en a mangé les fruits grillés hier. Leur chair douce et sucrée, parfum de nuit plus longue, crépitement de braises rougeoyantes, envie de silence.
Thé vert à la menthe, piaillements des mamies autour de moi, ciel gris sans texture, brouhaha de la radio. Et sagement assis sur la table de mon bureau, deux manuscrits comme des boîtes au trésor, ou comme la main d’un enfant à agripper avec confiance pour continuer le chemin. Eux et moi on est deux. Etre plus fort que le temps qui file, les rendez-vous, l’enseignement, savoir braver les tempêtes d’inattendus et les tentations, se recentrer sur la trajectoire de nos quatre pieds cheminant en silence, battements de cœur pour cadencer nos pas.
Bonne journée, bonne semaine !
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