La Charente au bout du prés est remontée, les vaches brunes meuglent dans les premiers rayons de soleil, elles finissent par s’affaler au milieu des joncs humides. Le tracteur tondeuse du voisin vient de passer, conduit par un garçon d’une quinzaine d’années, le parfum d’herbe coupée envahit le jardin, je reconnais un jeune grenadier et un magnolia à fleurs blanches.
Etre ici ce matin. Trois jours, détachée du monde, des valises qui se remplissent à Bruxelles, des questions sur les chemins de traverse que nous déciderons d’emprunter ces prochains mois. Mettre en pause et investir une histoire, mais laquelle ? Celles qui, en relisant mes notes, datent de l’automne, une verrière à Paris, une jeune femme et un ténor ? Celles de février, une animatrice, la Méditerranée, une logeuse et un homme disparu ? Il y aurait bien un facteur italien aussi, âgé qui déambule sur les routes poussiéreuses des Cinque Terre…
Mais mon quotidien est là, fragmenté, bousculé, sans domicile fixe. Ecrire long ou écrire court et fragmenté ? La photographie m’accompagne, fidèle, tel un fil de soie qui relie les perles de mes éparpillements. Je me questionne. Comme le disait hier la carte de l’ours à l’envers, « le temps est venu de regagner ton autorité, car seul toi sait ce qui est juste et opportun pour ton évolution. » Pour ma création. L’animal m’enseigne que ce n’est qu’à travers mon propre conseiller intérieur que je peux atteindre mes objectifs. Confiance et patience.
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