Strandvej

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Je perçois le murmure de l’eau qui ruisselle le long des aquariums posés au milieu des étagères de la bibliothèque municipale.

Middelfart, Fionie, Danemark.

Aujourd’hui c’est la rentrée des classes, le ciel est chargé de nuages, il fait autour des 18°c et un léger crachin rafraîchit nos visages. Après avoir déposé les enfants à l’école du quartier, marcher le long de la mer apaise nos esprits chamboulés et nos ventres tendus. De véritables boules de nerfs depuis le réveil à 6h30 ce matin. Nouveau pays, nouvelle maison, nouvelle école. Le défi de la langue danoise. Comment ça marche ici ? se demandent les enfants. On passe les portes coulissantes et découvre les parents, professeurs et enfants en chaussettes dans le hall du bâtiment principal. On sourit et dépose nos chaussures sur un casier avant de grimper les escaliers qui mènent aux salles de classes.

Ce matin, les livres de la bibliothèque sont comme une caresse, une odeur familière, un cocon où me ressourcer. Rentrer seule à la maison ce serait recevoir en plein visage l’absence des enfants, les questions qui me triturent l’estomac et m’empêchent de respirer pleinement. Ici les voix susurrantes des bibliothécaires me rassurent. Une petite dizaine de livres en français se battent sur une étagère, celle qui donne sur la mer et le port de plaisance. Chercher ailleurs une source de lecture dans ma langue maternelle.

Notre « sommerhus » – petite maison d’été – se tient face au port de Strib. Une chambre, une salle de bain, une petite cuisine et un salon. Une « annexe » qu’on a baptisée « cabane » se situe à quelques mètres, à la lisière du grand jardin. La maison des enfants. Deux lits et une mini-cuisine avec lavabo, taques de cuisson et réfrigérateur. Ils ont leur propre clé. Quelques arbres dont un poirier et une pelouse encore calcinée de la canicule des derniers mois. La pluie est revenue comme pour nous assurer que nous sommes bien en Danemark. Les deux grandes vitres du salon donnent sur la mer, c’est là que le soleil se couche et qu’on s’émerveille chaque soir de vivre au bord de l’eau. Une première. A Djibouti, où nous débarquions tout juste il y a douze ans, la mer se cachait à quelques maisons de notre appartement.

Solitude retrouvée après six semaines de vadrouille européenne et de tentative de rééquilibrage. C’est comme revoir la direction des roues motrices, nous réajuster après le départ de Belgique, trouver notre centre à nouveau. Chacun de nous.

Et moi, où se niche mon coin pour écrire sous la vigne ? Ici dans cette bibliothèque publique à 6 km de chez nous, à la maison devant la mer, ou ailleurs, dans un café ?

Cette rentrée, c’est également pour moi le retour attendu, mais aussi craint, à l’écriture, une forme d’introspection et de méditation.

dav

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