Il serait encore temps de me questionner sur mes résolutions, de me fixer des objectifs, de noter des dates dans mon agenda. Vlan, je dis, vlan, à la mer les buts, les plans d’attaque pour cadrer 2020. Rien. Zéro. Libre. Pas d’entrave. Des envies et des projets il y en aura forcément plus tard mais, pour le moment, telle une girouette au-dessus d’un toit de chaume, je ne désire que suivre la direction du vent, le nez en l’air, les sens déployés, les yeux fermés. Là-haut, je sais que la vue s’étire sur tout l’horizon, je sens l’odeur humide du ciel, sa morsure sur la peau de mes joues et sur ma langue la tiédeur d’un rayon de soleil échappé de l’hiver.
20 janvier 2020. L’aurore arrive toujours trop tard, je n’aime pas me lever quand il fait noir. Je remonte haut sur mon menton le duvet de plumes et je caresse de la plante de mes pieds le coton usé de la housse de couette. Je veux de la douceur, rien que de la douceur. De la chaleur aussi et des mots, oui, des mots mais en silence. Ils s’évadent, comme rescapés d’un naufrage et me rejoignent dans l’obscurité. Ils tâtonnent sous le draps, je reconnais leur texture, leur odeur, ils s’assoient sur ma taie d’oreiller autour de mes cheveux et je les accueille par la pensée.
Parfois, il faut savoir se ménager. Je lis. Des livres, des manuscrits. Je lis. Je la regarde dormir aussi, entourée de toutes ces têtes colorées pleines de poils et j’essaye d’imaginer ce qui peuple ses rêves. Parfois de trop m’approcher, je trouble son sommeil, elle tourne la tête, je m’accroupis pour disparaitre à ses yeux. Parfois, je pourrais m’allonger contre son lit et, accordant ma respiration sur la sienne, l’écouter toute la nuit.
Ce qui est viscéral, c’est ça, oui, nourrir en cette période de l’année ce qui m’est essentiel, prendre soin de mes racines profondes. Dormir, recharger les cales de mon navire et rester à quai. Les grands voyages, les bouts du monde, les nuits d’écriture, ce sera pour plus tard.
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