Journal de confinement – Jour 3

Ce matin, au réveil, je me suis sentie lasse, le corps infiniment lourd. L’envie de m’étendre sur le sol froid et dur et d’attendre que les jours passent. Wajdi écrivait dans son journal hier « depuis ce jour, je compte les jours ». L’angoisse du temps qui file se transforme aujourd’hui en angoisse du temps qui s’étire, qui n’en finit pas de se multiplier.

Ce matin, les uns sur les autres à la maison, c’est dur de trouver sa place, de comprendre les émotions qui nous traversent chacun de manière si différente. Des amis sont atteints du virus, les hôpitaux peu à peu se remplissent et dans la rue les gens marchent, nous sortons faire des courses. Moi, je ne peux m’empêcher de me demander secrètement si nous trouverons encore des œufs, des légumes frais, voire, même, du chocolat, dans quelques jours, quelques semaines. Oui, ma génération n’a pas connu la privation, la peur de manquer.

Ce matin, j’ai cru apercevoir des flocons de neige. Depuis quelques temps, je dois porter des lunettes et lorsque mes yeux nus, au sortir du lit, ont imaginé de minuscules pointes blanches sur le ciel, tous mes membres se sont figés. Non, je ne veux pas de neige. Ce matin c’est le printemps. Le ciel est aussi bas que Brel l’a chanté maintes fois. Sa tristesse me donne envie de crier. Le soleil des premiers jours de confinement nous a offert toute sa lumière, sensation que je sombre aujourd’hui dans les ténèbres.

Ce matin, ma belle-soeur, infirmière, déplore le manque de masques sur le terrain, se lance sur les routes pour aller soutenir les malades, et moi, que puis-je donc faire ? Me confiner pour venir à bout de ce virus me semble si insuffisant. L’espoir que l’été et ses journées de liberté, de chaleur, ses longues discussions entre amis à la tombée du jour reviendront, colore l’horizon vers lequel, coûte que coûte, nous marchons.

Proposition d’écriture :

Où que vous soyez, je vous invite, aujourd’hui, à écrire votre journal de confinement, en y incluant ces mots glanés dans le journal de Wajdi Mouawad « arche, invisible, mettre pied à terre, prisonnier, langue ».

Que l’écriture vous porte et vous fasse voyager !

A demain.

4 commentaires sur “Journal de confinement – Jour 3

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  1. Ce soir, j’aimerai lui parler, lui dire ce que je souhaite pour la suite de ma vie, lui avouer que je ne souhaite pas mettre pied à terre, mais que je suis tentée par le mouvement, l’expérimentation d’autres habitats, d’autres engagements, d’autres voyages.
    Ce soir, j’aimerai lui parler, mais je n’ose pas. Est-ce le moment ?
    Le contexe est irréel, j’ai voulu aller faire des courses, mais la file devant le magasin m’a fait reculer, je me suis sentie invisible et coupable de réaliser un acte non nécessaire. Je suis rentrée prisonnière de ces pensées, préoccupée par le sens à donner à cette nouvelle vie à venir, la mienne reliée aux autres comme une arche à construire. Je l’imagine peuplée, habitée de bruits d’oiseaux et de langues métissées, solide pour poser les bases de nos nouveaux corps et forte pour vaincre les séismes à venir.
    Ce soir, il n’est pas trop tard…

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