Journal de confinement – Jour 23

Les cloches de l’église sonneront-elles plusieurs fois par jour au mois de juin ? Je me souviens lorsque j’habitais la Corne de l’Afrique, à Djibouti, l’une des choses qui me manquaient le plus était le son des cloches. Le muezzin juste derrière mon oreiller hurlait chaque nuit dans son haut-parleur (celui de notre quartier chantait assez faux) et me réveillait en sursauts. Je peinais à me rendormir car la chaleur, poisseuse et étouffante, nous surprenait dès les premières lueurs de l’aube. Mes souvenirs de Tanzanie cette fois, je les goûte chaque matin lorsque je me plonge dans mon roman. Combien d’années peut-on tenir sur des souvenirs ? Combien de jours encore de confinement ? L’image des cafés bondés, de la cime verdoyante des frênes, des ronces envahissant tout, des stations d’autoroutes à la tombée du jour, de mes parents remontant le chemin qui mène à la barrière blanche de la maison morvandelle pour nous accueillir à notre arrivée, ma plus jeune sœur nous faisant découvrir son nouveau nid parisien… à quand, comme l’écrit Loretta, sortir les mains dans les poches dans se soucier de rien ?

Hier soir, le plaisir de voir à la fenêtre d’un rez-de-chaussée, des personnes âgées discutant avec un voisin ou un membre de leur famille qui se tenait à quelques mètres d’eux. Leur sourire pour partager la joie de les savoir dans l’échange. Pas facile de vivre quasi vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec le noyau familial. Ma solitude, oh combien oubliée et désirée chaque jour ! Notre balade en poussette m’a fait un bien fou, au milieu des rails de tram et des voitures pour éviter le parc blindé et les coureurs qui nous frôlent parfois sans faire attention. Mieux que rien. Divin l’air doux, moins pollué aussi, presque estival de ce mois d’avril.

Du coup, m’a traversé l’esprit cette envie saugrenue, monter une tente et dormir sous les étoiles. Tente d’une place et demie retrouvée au fond de la cave, sorti les matelas de camping et les lampes de poche, accroché les fils de tente aux pneus de nos vélos car notre pelouse petite et synthétique, une horreur pour planter les sardines. Un délice de spontanéité, après avoir lu la blague d’une famille plantant la tente sur leur terrasse dans le Spirou de ma fille aînée.

Je rêve des nuits dans le vent de l’île de Noirmoutier cet été. Y parviendrons-nous ?

 

Proposition d’écriture :

J’ai aimé enfant, dormir enroulée dans un hamac, sous les pins parasols corses alors que les cigales s’éteignaient pour la nuit et que les moustiques voltigeaient autour de moi. Tu as le sang sucré disait ma mère. Et vous, de quelle nuit sous les étoiles vous souvenez-vous ?

 

 

3 commentaires sur “Journal de confinement – Jour 23

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  1. Oh c’est un très bel article, très doux, j’ai adoré cette parenthèse de douceur. J’ai passé de nombreuses nuits sous les étoiles, une dans les montagnes du nord de l’Espagne, allongée sur le toit de ma voiture, une sur le chemin du retour de mon road-trip en Gaspésie au Canada, une autre dans la maison de mes parents, sous le velux … Les nuits passées sous les étoiles sont souvent les plus magiques. Je ne m’en lasserai jamais ! Passe une belle journée 🙂

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  2. Entre deux rochers, sur une plage de Bretagne, ma cousine et moi, nous nous sommes installées pour passer la nuit.
    Nous étions sorties discrètement de notre tente canadienne montée proche de celle de mes parents, vers 23h.
    Nous avions une quinzaine d’années, pas encore libres mais en quête de sensations.
    Nous avions pris nos oreillers et une mince couverture car au mois d’août, les nuits peuvent être fraîches et nous avions réussi à emprunter deux cigarettes à mon frère.
    Quelques bouffées, un feu avec de minces brindilles et du bois flotté, des fous rires et une grande complicité pour l’organisation de cette aventure nocturne secrète ont rendu ce moment inoubliable.
    Le sable était fin et blanc, la nuit claire et silencieuse, la mer lointaine faisait entendre quelques rouleaux, et les étoiles formaient de fabuleux chemins où poser nos rêves de filles.
    Quelques petites chauves-souris nous ont frôlées et effrayées, alors nous nous sommes serrées l’une contre l’autre et nous nous sommes endormies.
    Notre réveil fut plus matinal que prévu, c’était grande marée, le vent s’était levé et la mer nous léchait les pieds.
    Retour dans la tente ni vues, ni connues, en riant discrètement, pour finir cette nuit par une grasse matinée !

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