Funambule

Je rêve d’une pilule qu’on pourrait avaler entre deux cafés et qui emmagasinerait huit heures de sommeil. Je pourrais alors m’attabler chaque soir après le coucher des enfants, devant mon ordinateur et mon carnet de notes et écrire toute la nuit. La gestion des interactions chronophages sur les réseaux sociaux et la promotion de mes livres pourraient aussi trouver sa place dans ces heures nocturnes.

Notre temps n’est malheureusement pas étirable, nous en avons encore pris conscience pendant le confinement. Me poser aujourd’hui, mais finalement tous les jours de l’année, la question de mes priorités m’est essentielle. Qu’est-ce qui compte ? Comment intégrer mes choix dans mon quotidien d’auteur, de professeur/coach, de mère et de femme ? Un vrai casse-tête. 

Cette notion du temps qui passe m’interroge d’autant plus que l’été est là depuis quelques jours et qu’un autre rythme va s’imposer, chamboulant ma disponibilité à la création. Garder des instants quotidiens, même courts, même volés, à mon projet d’écriture en cours m’est essentiel. 

Mais le temps que j’aime appeler de « mise en jachère » me permet aussi de me nourrir de ce qui m’entoure. Nous écrivons tous à partir d’un vécu. Jean-Paul Dubois, lui, disait ainsi:

« Le temps libre que je cultive hors de l’écriture m’est précieux : quand je ne fais rien, je sais que mon cerveau scanne le moindre détail avec attention. Disposer de temps permet d’être attentif, de réfléchir aux choses essentielles de la vie, et le temps à perdre dans ces cas-là nous enrichit de manière considérable. Ne rien faire, c’est réparer, gagner une autonomie intellectuelle, manuelle, etc. C’est une forme d’indépendance de l’usage du monde, une arme fatale, qui change le rapport aux autres. » (Jean-Paul Dubois, interview Le Monde, 2017). 

Ouvrons tous nos sens et gorgeons-nous de l’été !