Aude Lafait
Écriture

Journal De Confinement Jour 6

Je n'en peux plus de suivre le fil de l'actualité, de lire des articles d'épidémiologues, de regarder les courbes de la mortalité ici et ailleurs, de partager des avis sur la situation avec mes proche...
Je n'en peux plus de suivre le fil de l'actualité, de lire des articles d'épidémiologues, de regarder les courbes de la mortalité ici et ailleurs, de partager des avis sur la situation avec mes proches. SATURATION. Je voudrais fuir. La promiscuité m'épuise, j'ai besoin d'espace. La nature me manque. Cette image des dauphins qui réapparaissent dans un port de Cagliari en Sardaigne me donne bêtement envie de pleurer. Nous ne voyagerons plus jamais comme avant. Devra-t-on arrêter de prendre l'avion ? Angoisse. Traverser en bateau ? Tente attachée sur le porte-bagage de mon vélo ? Etre inventif, créatif, faire le deuil de certaines choses. Je ressens comme une fissure en moi sans savoir comment la décrire, la comprendre. Une fissure dans une de mes deux bouteilles alors que je suis à des dizaines de mètres sous la mer ? Combien de temps me reste-t-il ? Continuer vers le fond, plonger dans l'euphorie de la descente, risquer la narcose, ivresse des profondeurs, ou remonter, lentement, palier après palier, dans ce qui est connu et sûr ? Ou encore, un entre-deux ? Est-ce qu'il n'est pas temps, comme le chante Cabrel, de « prendre les chemins de traverse même s'ils ne sont jamais les plus courts"¦ » ? Je suis entre le découragement et la colère. Si je ne crée pas, je crève, je fais brûler la baraque, je me transforme en furie. Mon esprit décousu, mes sensations contradictoires, ma faim insatiable d'un espace infini. Vivre le confinement dans une grande ville ou isolé dans un village de montagne ? De quelle couleur est la mer aujourd'hui sur la côté belge ? Du haut d'un hameau corse, comment se découpe le ciel ce matin ? Pour me rassembler, je ferme les yeux et je m'imagine dans un lieu qui m'apaise. Là où je peux être moi dans toute la complexité de ce que je ressens aujourd'hui. Là m'y rejoindront peut-être des personnages"¦   Proposition d'écriture : Et si vous nous faisiez voyager dans vos lieux ressource ? Je vous invite à fermer les yeux et à imaginer un lieu où vous êtes bien. Est-il en extérieur, en intérieur ? A quelle saison ? Quel est le décor ? Quelles sont les odeurs, les sensations physiques, quels sont les bruits et les mouvements autour de vous ? Fermer les yeux, une minute ou deux, pour visualiser dans votre tête les détails de ce lieu et ensuite écrivez, de manière intuitive, sans chercher à structurer, sans vouloir faire de jolies phrases. Ne pensez pas à votre lecteur, allez simplement vous abreuvez à la source de votre imaginaire. A demain.