Écriture
Ecrivaine Et Mere
« Déjà je ne me reconnais plus, ni de l'intérieur ni de l'extérieur. Un autre corps occupe et modifie le mien, de façon imperceptible mais à la longue spectaculaire. Suis-je encore moi? ("¦) Et sur le...
« Déjà je ne me reconnais plus, ni de l'intérieur ni de l'extérieur. Un autre corps occupe et modifie le mien, de façon imperceptible mais à la longue spectaculaire. Suis-je encore moi? ("¦) Et sur le plan émotif"¦ comment savoir ce qui, de mes états d'âme au cours de ces trois derniers mois, a été déterminé par le prodigieux chamboulement de mes hormones?". Nancy Huston dans Le journal de la création. Il y a quelques semaines, j'écrivais dans mon journal « Je me suis regardé dans le miroir et j'ai dit, en ce moment quand je me lève le matin je voudrais être quelqu'un d'autre ». Oui j'ai ressenti vivement cette sensation au début de ma grossesse : je me sentais dépossédée de moi. Je lis ou relis Nancy Huston, Marie Darrieusseq, Sylvia Plath, Elif Shafak... Je vais à la rencontre de ces écrivaines qui sont devenues mères et qui ont parlé de la maternité dans leur Å“uvre. Mais finalement, elles ne sont pas si nombreuses. Elles remettent en question les préjugés que l'on a sur la femme enceinte. Combien ont réussi à faire passer un discours intellectuel sur la maternité ? Marie Darrieussecq souligne, dans un entretien avec Xavier Gassmann, qu'« il y a peu de livres sur les bébés parce que c'est « interdit » en littérature : on ne peut pas être mère et écrivain ». Dans mon parcours d'auteur, dans mon rôle de mère, tout cela m'interpelle et me questionne. Aujourd'hui, l'écriture de mon journal se nourrit de ces figures de femmes et de mes impressions quotidiennes liées à ce nouvel état qui me définit.