Voyager

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N’est ce pas Jeanette Winterson qui dit qu’elle écrit mieux les villes où elle ne s’est jamais rendue ? J’aime l’idée, j’aime écrire sur le souvenir que j’ai des choses, que le souvenir soit vécu ou imaginé, il y a quelque chose dans cette distance avec le passé, cette infiltration du temps, les sentiments comme une antiquité patinée par les jours, les soupirs, les espoirs de ceux qui l’ont frôlée, caressée, aimée.

Je relis mes notes, de quand… mai peut-être, mai justement, où je précisais « faire des recherches sur Rimbaud à Chypre, qui a-t-il écrit ? ». Et là, au petit déjeuner, sur ce bout de montagne perdue, être capable d’allumer l’ordinateur et de chercher « Rimbaud à Chypre » et tomber sur cette lettre de lui qu’il écrivit à sa famille, du mont Trodoos justement, près duquel je me trouve… le 23 mai 1880, époque à laquelle il venait d’arriver sur l’île après avoir tenté de trouver du travail en Egypte, il devint « surveillant au palais que l’on bâtit pour le gouverneur général, au sommet du Troodos, la plus haute montagne de Chypre [2100 mètres]. »

Me demander alors ce que je fais sur les traces de Rimbaud ? Il était à Djibouti, il était ici, a-t-il été dans le monde entier, était-il en Tanzanie aussi ? Oui bien sûr le lycée français Arthur Rimbaud de Dar Es Salam ! Grand voyageur. L’envie de suivre ses traces. Un jour.

La chaleur déjà me dévore les jambes, bientôt elle m’aura envahie je devrai migrer vers ma grotte, troquer bermudas et chemise contre short court et tee-shirt sans manches. Il y avait dans le prunier une femme un fichu sur la tête, le soleil en miroitement entre les feuilles lourdes, perchée sur une échelle.

 

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